Cinq mythes répandus sur le gaspillage alimentaire, déboulonnés - Real Farm Lives

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture estime que le tiers de tous les aliments produits à l’échelle planétaire sont perdus ou gaspillés chaque année[1]. Lorsque la nourriture n’est pas consommée, tous les intrants et toutes les ressources (graines, eau, nutriments, carburant, etc.) utilisés pour la produire sont également gaspillés. Et c’est sans compter que six pour cent des émissions de gaz à effet de serre générées à l’échelle mondiale sont le produit des aliments perdus dans les chaînes d’approvisionnement ou jetés par les consommateurs[2]. Réduire le gaspillage et les pertes alimentaires augmenterait l’efficacité globale de la production de nourriture, notamment en rationalisant l’utilisation des sols et la gestion de l’eau. C’est pourquoi il est impératif que nous redoublions d’efforts pour limiter le gaspillage et les pertes alimentaires de toutes les façons possibles. À ce chapitre, la science et la technologie sont appelées à jouer un rôle de premier plan.

MYTHE : Les pertes alimentaires et le gaspillage alimentaire sont une seule et même chose.

RÉALITÉ : Les pertes alimentaires surviennent lors du parcours des aliments de la ferme aux détaillants. Le gaspillage alimentaire est pour sa part le résultat des aliments jetés par les commerces, les restaurants et les ménages.

Les pertes alimentaires se produisent avant même que les aliments ne parviennent aux consommateurs. Elles débutent dans les champs, lorsque les insectes, les mauvaises herbes et les maladies s’attaquent aux cultures. Bien que les agriculteurs prennent différentes mesures en amont pour tenter de prévenir les infestations, les pesticides demeurent un outil important à leur disposition pour combattre les parasites, protéger les récoltes et garnir nos assiettes. Les pertes alimentaires peuvent également être causées par les conditions météorologiques extrêmes qui endommagent les cultures, ou lorsque les produits sont échappés ou pourrissent après leur récolte.

Les conditions météorologiques imprévisibles découlant des changements climatiques posent une menace importante aux cultures, et accentuent les ravages causés par les parasites. Les innovations phytologiques, notamment les techniques de sélection végétale, aident à produire des plantes et des aliments plus résilients et plus résistants aux changements climatiques et aux parasites, ce qui contribue à protéger les cultures et à s’assurer que les aliments parviennent aux assiettes des consommateurs.

MYTHE : Le problème du gaspillage et des pertes alimentaires touche uniquement les restaurants et les ménages.

RÉALITÉ : Des pertes surviennent à chaque étape du parcours des aliments du champ à l’assiette. Jusqu’à 14 pour cent des aliments produits à l’échelle mondiale sont perdus entre leur récolte et le moment où ils parviennent aux consommateurs[3]

Bien du temps peut s’écouler entre la cueillette des végétaux et l’arrivée des aliments dans votre réfrigérateur ou votre garde-manger. Certaines cultures, notamment les pommes de terre et les carottes, peuvent être entreposées pendant plusieurs mois avant de prendre le chemin de l’épicerie. Pendant cette période, les insectes, les dommages physiques ou les maladies risquent de compromettre les produits, de réduire leur qualité, voire de les rendre impropres à la consommation. En plus d’être dommageables pour l’environnement, ces pertes nuisent également à la rentabilité des agriculteurs.

Ces derniers travaillent d’arrache-pied pour préserver la santé optimale de leurs cultures pendant la saison de croissance, afin qu’elles aient les meilleures chances possibles de se rendre sur les tablettes des épiceries et les étals des marchés. À cette fin, les agriculteurs disposent de diverses technologies de protection des récoltes, par exemple des fongicides à vaporiser sur les pommes de terre pour prévenir la formation de moisissures et la pourriture lors de l’entreposage[4]. Santé Canada réglemente l’ensemble des pesticides autorisés au pays, pour assurer leur sécurité et leur innocuité pour la santé humaine et l’environnement.

MYTHE : Les pertes alimentaires pendant le transport sont inévitables.

RÉALITÉ : La sélection végétale permet de créer de nouvelles variétés de plantes plus résistantes, qui tolèrent mieux le processus de transport. Par exemple, la création de pommes de terre génétiquement modifiées moins sensibles aux meurtrissures et au brunissement permet de réduire les pertes lors de l’expédition.

Qui n’a pas déjà jeté à la poubelle ou au compost un fruit ou un légume meurtri? Les scientifiques sont à la recherche de solutions à ce problème courant touchant une variété d’aliments, des champignons aux pommes de terre. Par exemple, des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie sont récemment parvenus à réduire le brunissement des champignons de 30 pour cent[5] en apportant des changements minimes à l’ADN de ce végétal, soit en en retirant le gène responsable de cette détérioration. De même, la pomme de terre InnateMD génétiquement modifiée présente une résistance accrue aux meurtrissures et au brunissement, ce qui pourrait contribuer à réduire les quelque 400 millions de livres de pommes de terre jetées chaque année en raison d’imperfections[6].

MYTHE : Les pesticides sont inutiles pour réduire le gaspillage et les pertes alimentaires.

RÉALITÉ : Les pesticides aident les agriculteurs à protéger leurs cultures des insectes, des mauvaises herbes et des maladies, tant dans les champs que pendant le transport et lors de l’entreposage. Sans pesticides, on estime que la production agricole mondiale serait réduite de moitié!

Avez-vous déjà essayé de faire pousser des tomates ou des laitues dans votre cour arrière, pour finalement voir vos maigres récoltes dévorées par des insectes ou ravagées par une quelconque maladie? Les agriculteurs mènent une bataille de tous les instants contre les parasites qui risquent d’endommager leurs cultures avant et après les récoltes. Les pesticides contribuent à protéger les plantes et à offrir des aliments sécuritaires, sains et abordables aux consommateurs. Imaginez simplement ceci : sans pesticides, les agriculteurs canadiens produiraient 61 % moins de concombres, 53 % moins de poivrons et 59 % moins de raisins[7].

MYTHE : Les pommes brunissent et pourrissent, et nous n’y pouvons rien.

RÉALITÉ : Les pommes brunissent lorsqu’elles sont coupées et sont facilement meurtries, ce qui occasionne énormément de pertes. En fait, quelque 1 225 000 pommes sont jetées chaque jour au Canada[8]. Or, de nouvelles pommes génétiquement modifiées pour prévenir le brunissement aident à ne faire qu’une bouchée du gaspillage alimentaire.

Les pommes tranchées sont une super collation et un délicieux ajout aux salades. Mais personne n’en veut lorsqu’elles sont brunies… Développée par génie génétique, la pomme ArcticMD ne dégage pas l’enzyme appelée polyphénol oxydase, de sorte qu’elle ne brunit pas et demeure fraîche jusqu’à 28 jours après avoir été coupée[9]. Cette innovation pourrait réduire considérablement le gaspillage alimentaire, tant chez les fournisseurs de services alimentaires qu’au sein des ménages, ce qui représente une bonne nouvelle pour notre portefeuille comme pour la planète.
 

[1] https://www.fao.org/platform-food-loss-waste/fr/
[2] https://ourworldindata.org/food-waste-emissions
[3] https://www.fao.org/platform-food-loss-waste/fr/
[4] https://knowmoregrowmore.com/preserve-potato-quality-during-storage-with-effective-fungicides/
[5] https://www.wired.co.uk/article/farm-food-waste-genetics
[6] https://www.nationalgeographic.com/culture/article/potato-possible-carcinogenic and https://www.potatogrower.com/2015/01/innate-potatoes-deregulated
[7] https://aiderlecanadaacroitre.ca/batir-des-communautes-en-meilleure-sante
[8] https://lovefoodhatewaste.ca/fr/a-propos/le-gaspillage-alimentaire-au-canada/
[9] https://arcticapples.com/about-us/faq/